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Reportage sur les initiatives écologiques en Suisse romande

Reportage sur les initiatives écologiques en Suisse romande

Reportage sur les initiatives écologiques en Suisse romande

La transition verte s’accélère en Suisse romande

Face à l’urgence climatique, les Cantons romands redoublent d’efforts pour faire émerger des modèles durables. De Genève à Neuchâtel, de petites communes aux grandes agglomérations, des initiatives portées par des citoyen·ne·s, des collectivités ou des entreprises viennent concrètement bousculer les habitudes. Et souvent, elles inspirent au-delà des frontières cantonales. Tour d’horizon de projets qui prouvent que l’écologie peut être synonyme d’innovation, d’efficacité et même… d’enthousiasme collectif.

Les coopératives solaires essaiment les toits romands

En matière de production énergétique, les Romands n’attendent pas que l’État trace la route : ils créent leurs propres voies. À Lausanne, Genève, Fribourg ou encore Sion, les coopératives citoyennes de production solaire se multiplient. Leur modèle est simple : mutualiser les fonds et les efforts pour équiper des toitures — publiques ou privées — de panneaux photovoltaïques, avec un objectif à la fois écologique et démocratique.

L’exemple de Solaris Genève est frappant. En à peine 2 ans, la coopérative a réuni plus de 600 membres et achevé l’installation de 12 centrales solaires sur des immeubles HLM et des bâtiments scolaires de la ville. La production cumulée couvre déjà la consommation annuelle de près de 650 ménages genevois. Et ce n’est que le début.

Le principe séduit : investissement modéré (à partir de 250 CHF), transparence de gestion et retombées locales garantissent à ces projets une efficacité qui éveille même l’intérêt des autorités. Dans le canton de Vaud, le soutien cantonal aux projets solaires coopératifs s’est accru de 30 % en 2023, notamment à travers le programme cantonenergie.

Des potagers urbains en pleine croissance

Autre tendance forte : la réappropriation des sols urbains pour la culture alimentaire. Sur les toits, dans les espaces interstitiels, ou carrément dans d’anciens parkings, les potagers collectifs s’installent comme une respiration verte dans la ville.

À Neuchâtel, le projet Les Jardins du Possible a transformé une friche industrielle en un écosystème nourricier. Cultures en permaculture, système de récupération d’eau de pluie, serres communautaires… le site de 3’000 m² produit chaque année plus de deux tonnes de fruits et légumes, redistribués via des paniers hebdomadaires et des marchés éphémères. « C’est une manière de relocaliser notre alimentation tout en recréant du lien social », explique Sandrine Michel, l’une des coordinatrices.

À Fribourg, même les institutions s’y mettent. L’Université a inauguré en 2022 son jardin expérimental, cultivé par les étudiant·e·s. Objectif : sensibiliser concrètement aux enjeux de la biodiversité alimentaire et à la question de l’autonomie urbaine en matière de culture maraîchère.

L’économie circulaire en action : quand rien ne se perd

Réduire, réutiliser, recycler : la maxime est connue, mais en Suisse romande, elle prend un rythme industriel. Les projets d’économie circulaire ne relèvent plus du laboratoire, ils s’inscrivent dans les chaînes de production, de distribution et de consommation.

À Lausanne, l’entreprise Tastex est un bon exemple de cette transition à l’œuvre. Cette start-up récupère les résidus de marc de café des restaurants et bureaux de la région (près de 3 tonnes par semaine), pour les transformer en… champignons de culture. Le substrat, utilisé dans des containers agricoles urbains, permet une production locale, de saison, vendue en circuit court. « Le champignon pousse très bien sur le marc, et le processus économise jusqu’à 90 % d’eau par rapport à une culture traditionnelle », détaille Diego Lopez, cofondateur de Tastex.

Le succès du Troc de Chablais, un réseau d’ateliers de réparation et d’échanges dans la région valaisanne, illustre aussi l’appropriation populaire du modèle circulaire. Artisanats, vêtements, meubles, vélos : tout peut (re)vivre. En 2023, plus de 4’000 objets ont été réparés ou échangés via les différents sites du réseau. Moins de déchets, plus d’entraide.

La mobilité douce gagne du terrain

Quand on parle d’écologie, les transports sont presque toujours au cœur des débats. En Suisse romande, de nombreuses communes prennent le sujet à bras-le-corps, du tracé de pistes cyclables à l’encouragement de la mobilité partagée.

À Delémont, la ville a converti une partie importante de son centre en zone à circulation restreinte, combinée à la gratuité des transports publics aux heures creuses. Résultat : une augmentation de 35 % des déplacements à vélo ou à pied selon une étude communale en 2023.

Des services comme Donkey Republic, qui proposent des vélos en libre-service connectés, se développent à Genève et Lausanne avec l’appui des pouvoirs publics. Là encore, la logique d’usage l’emporte sur celle de la propriété. La Confédération confirme : le passage du véhicule individuel à la mobilité partagée permettrait de réduire jusqu’à 70 % les émissions CO2 liées au transport urbain d’ici 2040.

L’engagement des communes, moteur de changement

Il serait réducteur de croire que seuls les acteurs privés ou associatifs innovent. De nombreuses municipalités romandes agissent avec volontarisme pour enclencher une dynamique verte.

À Yverdon-les-Bains, la stratégie « Zéro artificialisation nette » constitue une première en Suisse. Elle impose que toute nouvelle urbanisation soit compensée par la renaturation d’une surface équivalente ailleurs sur le territoire communal. Cette politique ambitieuse, adoptée en 2022, commence à porter ses fruits. On compte déjà plus de 7 hectares restaurés en zones humides ou espaces verts perpétuels.

Dans le Jura, la petite commune de Courroux (moins de 3’200 habitants) incarne une vision locale mais systémique du développement durable. Réseau de chaleur à bois, école en site passif, parc à lombricompostage public et abonnement mobilité douce subventionné… Le village a décroché en 2023 le label Gold Cité de l’énergie, distinction rare en Romandie.

Et si on s’y mettait toutes et tous ?

Ces projets le prouvent : le changement climatique n’est pas qu’une abstraction alarmante relayée en boucle par les médias. Il est aussi une dynamique d’invention. Et la Suisse romande regorge de compétences, de talents et d’envies pour la transition écologique.

Des solutions concrètes existent, elles fonctionnent déjà, et elles ne demandent qu’à être reproduites. Bien sûr, les défis sont réels : coordination, financement, changements d’habitudes… Mais au fil des initiatives, une certitude se dessine : chacun à son échelle peut participer.

Alors, la prochaine fois que vous croisez un potager sur un toit, une bicyclette connectée ou un troc d’objets près de chez vous, demandez-vous : et moi, qu’est-ce que je pourrais faire ? Parfois, la réponse tient simplement en un geste, une adhésion ou une idée partagée autour d’un café solaire.

À suivre de près…

Les innovations vertes en Suisse romande ne cessent de se multiplier. Voici quelques autres projets à suivre au cours des prochains mois :

Autant de chantiers qui, à leur manière, façonnent une Romandie plus résiliente, plus solidaire et — tout simplement — plus vivable.

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