Le paysage digital évolue à vitesse grand V, et à l’échelle romande, le canton de Neuchâtel n’est pas en reste. Les agences de communication locales, longtemps perçues comme des structures discrètes opérant dans l’ombre des géants zurichois ou genevois, sont en train d’opérer un virage stratégique décisif. L’année 2024 amplifie ce mouvement, marquant une transition vers des pratiques plus ciblées, plus mesurables et profondément ancrées dans les enjeux locaux.
Une communication centrée sur l’authenticité territoriale
Les marques ne cherchent plus seulement à vendre un produit ou un service : elles veulent raconter une histoire, avec sincérité et ancrage. Dans cette optique, les agences de communication basées à Neuchâtel misent de plus en plus sur des récits qui mettent en lumière les spécificités régionales. Exit les slogans creux et les visuels lisses : place à la valorisation du patrimoine local, des savoir-faire artisanaux et des visages qui composent le tissu économique neuchâtelois.
« Une PME de la Chaux-de-Fonds qui vend des montres connectées n’a pas les mêmes arguments qu’une start-up zurichoise dans la fintech. Il faut contextualiser le discours pour qu’il fasse écho à la réalité du terrain », explique Gilles M., consultant en stratégie de marque basé à Neuchâtel. Cette tendance reflète une volonté claire : tisser un lien de proximité avec les publics romands, en phase avec leurs valeurs et leurs attentes.
Le virage décisif vers le contenu long-format
En 2024, le contenu court n’a pas disparu, mais il est complété — voire dépassé — par des contenus plus étoffés et instructifs. Webinars, articles de blog approfondis, vidéos explicatives : les agences neuchâteloises orientent de plus en plus leurs clients vers des formats capables de démontrer leur expertise au-delà du simple pitch commercial.
Cette tendance est alimentée par une demande croissante en matière de transparence et de valeur ajoutée. Dans une société où l’algorithme prime, les internautes sont fatigués des contenus formatés. Ils veulent comprendre, apprendre, comparer. Et Google, de son côté, favorise désormais les pages à forte densité de contenu pertinent. Un levier que les agences locales comme PixelDigital ou Novo&Go ont bien compris, à en juger par les campagnes menées ces derniers mois pour des institutions culturelles et des PME industrielles locales.
Des stratégies data-driven, même à l’échelle locale
Le recours à la donnée pour affiner les campagnes publicitaires n’est plus l’apanage des grandes métropoles. À Neuchâtel, les agences digitalisent leurs process à marche rapide, intégrant Google Analytics, Matomo, ou des outils spécifiques de mesure d’engagement pour piloter leurs campagnes en temps réel.
Ce virage vers la donnée se traduit par une meilleure segmentation des cibles, des messages calibrés avec précision et des ajustements dynamiques des actions selon les KPI observés. Un exemple probant : la dernière campagne menée par une agence locale pour une cave viticole du Littoral a permis d’augmenter de 42 % le taux de conversion en ligne simplement en adaptant le SEO au jargon des consommateurs romands.
La montée en puissance des micro-influenceurs régionaux
Fini le règne des stars d’Instagram aux millions d’abonnés. À Neuchâtel, comme ailleurs en Suisse romande, les marques s’allient désormais avec des profils authentiques, suivis par des communautés plus modestes mais très engagées. Ces micro-influenceurs — enseignants, artisans, entrepreneurs locaux — incarnent avec crédibilité les valeurs qu’ils véhiculent.
Pour les agences de communication, c’est une aubaine stratégique : ces partenariats coûtent moins cher, génèrent souvent un meilleur taux d’engagement, et facilitent l’adoption locale. En 2024, on observe même l’émergence de nouveaux métiers hybrides, entre community manager, animateur de quartier digital et ambassadeur de marque régional.
Une attention renforcée à la responsabilité sociétale
Communication responsable : mot-valise ou vrai engagement ? À Neuchâtel, plusieurs agences s’emploient à sortir cette formule du pur affichage. Eco-conception des sites web, exclusion de collaborations avec des entreprises aux pratiques douteuses, choix de prestataires locaux ou encore campagnes de sensibilisation à impact social : la RSE s’impose définitivement dans les briefs des clients… et des agences elles-mêmes.
Cette tendance résonne particulièrement dans le tissu entrepreneurial neuchâtelois, où la proximité géographique favorise une certaine forme de transparence. Une agence interrogée précise : « On ne peut plus se permettre de vendre un service sans penser à sa traçabilité digitale, à la sobriété de son affichage ou à la pertinence éthique du message. » Un appel aux consciences… autant qu’aux budgets soucieux de leur image.
L’intelligence artificielle : outil de fond, pas de façade
Oui, l’IA s’invite aussi à Neuchâtel — mais pas pour produire des copies standardisées ou des logos en pixel art. Les agences locales l’utilisent avec prudence et méthode, principalement comme un levier d’optimisation. GPT-4 sert à pré-rédiger des feuilles de route éditoriales, mais les textes finaux restent le fruit d’un travail humain. Des outils comme Midjourney ou Adobe Firefly aident à générer des visuels d’ambiance, mais ils ne remplacent pas la patte du graphiste. La nuance fait toute la différence.
L’enjeu est clair : gagner en efficacité sans perdre en originalité. Cet équilibre s’impose comme un marqueur de professionnalisme dans une industrie où l’automatisation menace trop souvent la qualité. Et les clients ne s’y trompent pas.
Vers des écosystèmes collaboratifs et locaux
C’est sans doute l’une des tendances les plus marquantes sur le territoire neuchâtelois : l’émergence de collectifs hybrides mêlant développeurs, illustrateurs, vidéastes, traducteurs, UX designers, et spécialistes du storytelling. Là où une agence traditionnelle gérait tout en interne, les formats 2024 favorisent l’agilité et la co-création.
« On ne vend plus une solution clé en main, on assemble des talents pour répondre précisément au besoin du client », résume Marie C., directrice artistique pour une agence en périphérie de Neuchâtel. Des structures flexibles, parfois sans locaux fixes, capables de monter un projet en dix jours et de le décliner en trois langues. Une adaptabilité rendue nécessaire par la diversité des mandats : produits horlogers, tourisme durable, innovation biotech…
Un besoin croissant d’accompagnement stratégique
Avec la multiplication des canaux (social media, plateformes vidéo, newsletters, automation), les entreprises locales peinent de plus en plus à définir une vraie direction. Face à cette complexité, les agences de communication deviennent surtout… des agences de réflexion. Audit de marque, identification des personas, analyse concurrentielle, définition d’une voix éditoriale : le conseil stratégique se vend désormais mieux que le volume de publications sur Instagram.
Et cela commence dès la TPE. « On sent une vraie maturité accrue chez les artisans ou les indépendants. Ils savent qu’une présence sur Internet ne suffit plus, il faut raconter quelque chose avec cohérence et intention », observe Julien R., consultant en stratégie digitale installé à Bôle.
Zoom sur quelques initiatives locales
- La campagne “100% Neuchâtel”, pilotée par une agence locale pour promouvoir les produits agroalimentaires du canton, a combiné storytelling vidéo, affichage urbain ciblé et live tasting sur les réseaux. Résultat : un regain d’intérêt pour les circuits courts, et une fréquentation accrue des marchés hebdomadaires.
- Le projet “Montre-toi !”, lancé par une startup horlogère du Val-de-Travers, a mobilisé des influenceurs régionaux pour valoriser ses nouveaux modèles à travers une série de portraits intimistes diffusés sur TikTok et Instagram Reels. Le taux d’engagement a doublé par rapport à leurs campagnes classiques.
- “Digit’Art”, une collaboration entre graphistes neuchâtelois et institutions culturelles, qui vise à produire des œuvres numériques adaptables aux expositions en ligne, tout en éduquant le public à l’art digital via des contenus narratifs cross-canal.
Que l’on parle d’innovation, de créativité ou d’impact, les agences de communication à Neuchâtel ont bien compris une chose : la pertinence prime sur la performance brute. Et à l’heure de l’ultra-connexion, c’est peut-être là que réside leur véritable force.
 
			 
			 
			